Plaisir

Les résultats du premier baromètre européen sur le bien vieillir

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Les seniors n’ont probablement jamais eu autant les capacités physiques de faire ce qu’ils aiment et semblent s’en donner les moyens. En 2013, l’analyse des résultats de la première enquête réalisée uniquement en France, avait montré à quel point les seniors avaient le sentiment d’avoir « la vie devant soi », même les plus âgés.

En 2014, dans l’ensemble des pays de l’enquête, les seniors déclarent massivement bien vivre leur âge (87%). Mieux, les plus âgés l’affirment eux aussi (81% des 80 ans et plus contre 88% des 65-69 ans). Comme vous pourrez le constater en découvrant les résultats de la synthèse du baromètre, cet état d’esprit très positif peut s’expliquer par la conjonction d’un certain nombre de phénomènes.

1) D’abord, les seniors et notamment les plus âgés d’entre eux affichent un état de santé relativement bon.

- Aujourd’hui, près d’un senior sur quatre affirme ne rencontrer aucun des neuf problèmes de santé sur lesquels portaient notre investigation (25% dont 19% des 80 ans et plus) et seulement 39% disent en rencontrer un ou deux (34% des 80 ans et plus).
- Une hygiène de vie relativement surveillée chez bon nombre d’entre eux. La très grande majorité déclare au contraire faire attention à son équilibre alimentaire (78%) même s’ils disent le plus souvent manger ce qui leur plaît mais en veillant à ne pas trop faire d’écarts. Près d’un senior sur cinq déclare même veiller à toujours avoir une alimentation saine et équilibrée, sans jamais faire d’exception (18%).
- Plus ils vieillissent, plus ils repoussent la limite d’âge à laquelle la vie ne procure plus de plaisir. Si le reste de la population a logiquement tendance à considérer que l’on a moins tendance à éprouver du plaisir lorsque l’on devient très vieux, ils considèrent toutefois que l’on peut en éprouver jusqu’à 81 ans en moyenne.

2) Les seniors éprouvent un sentiment relativement fort d’utilité pour les autres : un rôle à jouer qu’ils incarnent totalement.

- Globalement les seniors ont massivement le sentiment d’être perçus comme des citoyens à part entière, comme les autres (83%).
- Le sentiment d’être considéré comme les autres citoyens ne les empêche pas aujourd’hui d’exprimer de réelles revendications quant à la prise en compte par les pouvoirs publics de la situation des personnes âgées. Globalement, mise à part la santé pour laquelle une courte majorité de seniors considère que les pouvoirs publics en font suffisamment (51%), le sentiment que leur gouvernement n’en fait pas assez pour les personnes âgées est assez fort en ce qui concerne la prise en charge de la dépendance (seulement 42% estiment qu’ils ont une action importante dans ce domaine), leur place dans la société (38%), leur pouvoir d’achat et la gestion de la fin de vie (38%) ou encore la lutte contre l’exclusion (37%).
- le sentiment d’utilité sociale pour les autres est aussi relativement élevé. les seniors déclarent un réel niveau de contact avec les « autres » (au moins une fois par semaine) et d’abord avec les gens de leur famille qui ne vivent pas avec eux (66%) et leurs amis (60%), mais aussi avec les voisins (59%) et les commerçants (43%).
- la solitude reste toutefois une réalité pour une proportion importante de seniors : 17% des seniors avouent qu’il leur arrive de se sentir très seuls à certains moments de la journée (contre 83% qui ne ressentent cette sensation seulement certains jours ou moins souvent). Cet isolement se renforce aussi auprès des catégories les plus fragiles économiquement (24% des niveaux de revenus mensuel foyer les plus faibles). Logiquement, le fait de ne pas avoir de conjoint est aussi un facteur particulièrement aggravant (28% des célibataires).
- L’entrée dans la dépendance change profondément la donne. On note un effondrement du sentiment d’utilité auprès des enfants (seulement 47%) et des petits enfants (45%).

3) La création de liens chez les seniors passe aussi de plus en plus par une maîtrise des nouvelles technologies, d’internet et des réseaux sociaux.

L’ultra-connexion est ainsi sur le point de régir une partie de leur vie. Ils déclarent l’utiliser au moins une fois par semaine pour envoyer des mails (67%), pour trouver des informations sur des sujets qui les intéressent (62%) et dans une moindre mesure pour gérer leurs finances (44%) ou encore aller des sites pour se renseigner sur leur santé sur (17%) ou discuter sur des forums (17%).

4) Quand vieillir rime avec plaisir !

Regarder la télévision et écouter la radio est ce qu’ils aiment le plus faire (94%). Au sein de cette hiérarchie, les plaisirs intellectuels arrivent aussi assez haut, comme lire par exemple (90%). Surfer sur internet est aussi devenu l’un de leurs plaisirs favoris, en 3ème position (81%) mais aussi téléphoner à un ou une amie (81%).

5) Dans certains pays, le lien entre « séniorité » et plaisir est aujourd’hui tel que l’on estime que c’est à partir de la retraite que l’on vit ses plus grands moments de plaisir.

Globalement, l’âge le plus souvent mentionné comme étant celui où il est le plus facile de se faire plaisir est celui où l’on est jeune retraité (26%), devant le moment où on s’installe en couple (24%), celui où l’on a des enfants (17%) ou encore où l’on est enfant ou adolescent (14%), loin devant celui où l’on devient grands-parents (9%). En France et en Belgique, l’âge de la retraite est un moment de vie fortement corrélé au plaisir. En revanche, en Italie et en Allemagne, le plaisir coïncide le plus souvent avec des périodes de vie plus « jeunes »

6) Les seniors ont désormais le sentiment que leurs proches ne seront pas en capacité de prendre en charge leur dépendance : une sortie souhaitée et programmée de la famille mais que les seniors n’anticipent pas vraiment.

La principale crainte des seniors à l’égard de la vieillesse est logiquement la dépendance, loin devant la perte de ses facultés : La perte d’autonomie est citée en premier (55%). Elle signifie pour eux la perte de leur liberté, de leur capacité à continuer de s’épanouir comme ils le souhaitent et à éprouver du plaisir. Elle a aussi pour corollaire le risque de devenir une charge pour ses proches (40% la cite)

7) Un attachement très fort au maintien à domicile qu’ils n’anticipent pas tout en refusant de dépendre de leurs proches : un véritable casse-tête !


Avec l’âge, ces difficultés deviennent encore plus complexes à surmonter. Ainsi, les 80 ans et plus considèrent qu’il leur serait difficile de déménager (87% dont 48% « très » difficile), d’acheter un logement (87% dont 58% « très » difficile) ou encore de réaménager totalement leur intérieur (77% dont 35% disent « très » difficile). 
- La grande majorité d’entre eux estime que leur logement serait adapté à leur dépendance en ce qui concerne leur capacité à se déplacer sans effort à l’intérieur (75%), son aménagement (71%), leur capacité d’y accéder ou d’en sortir (66%), sa proximité avec des commerces (64%) ou encore des services publics (60%). Moins d’un tiers des seniors estiment aujourd’hui que leur logement n’est pas du tout adapté (30%).

Vous pouvez également consulter le communiqué de presse du baromètre.